Dans son éditorial « La Commission Jospin et les dérives du web » Laurent Joffrin nous offre ce qu’on pourrait qualifier d’un troll si l’avait publié au sein d’un forum. En publiant un billet sur le sujet, je précise que je suis donc une sorte de victime consentante de ce troll 😉
En effet, l’éditorial manque de la rigueur, de la précision que l’on peut espérer d’un journaliste.
Aucune tentative d’estimation quantitative de la diffusion de cette rumeur n’est faîte et donc en quelque sorte du problème présenté.
Désignation d’un coupable flou « Les adversaires de toute régulation d’Internet ». Ainsi toute personne disons partisante de la fraîcheur qu’internet a pu apporter au débat depuis 15 ans pourra se reconnaître et se sentir atteinte. On obtient ainsi un buzz excellent avec un tel éditorial sur lequel les opposants vont être nombreux. Au moins Joffrin est bon en marketing internet !
Joffrin fini par une défense imparable qui tue tout échange et empêche l’argumentation « l’auteur de l’article que vous venez de lire, sera à son tour accusé de faire partie du complot ».
Joffrin semble ne rien comprendre à la nouveauté qu’internet à introduite (à commencer par les blogs puis les réseaux sociaux) en ouvrant une désintermédiation et en permettant de briser le monopole des médias, « don’t hate the media, be the media ». Ainsi il écrit « sans que les vraies informations sur le sujet, publiées par la presse sérieuse, ne soient jamais prises en compte ». A croire que les vrais informations ne peuvent venir que de la presse. Heureusement, il accole l’adjectif sérieuse à presse, il semble donc admettre que même au sein de la presse il faut se méfier.
Enfin, s’il pose le problème de « réfléchir aux implications de leur allergie à toute application à la toile des règles professionnelles ou des lois en vigueur dans les autres médias » il ne propose aucune solution. Je ne peux lui en faire le reproche car justement je vois mal comment appliquer les règles professionnelles à un public composé d’amateurs. Il parle des règles applicables aux autres médias, j’y vois une erreur majeur d’analyse. Internet est certes un média, mais l’essentiel de la révolution de l’internet vient du fait qu’il s’agit avant tout d’un espace social et non pas d’un simple média.
Laurent Joffrin aurait pu utilement pointer vers l’article d’Arrêt sur Images sur le sujet qui permet aux lecteurs de mieux comprendre le problème. Ces liens totalement absents de l’article de Joffrin sont aussi une des richesses spécifiques du fonctionnement du web.